The Allied bombing of France: Effects / La France sous les bombes alliées : leurs effets

La France sous les bombes alliées : leurs effets

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En général, les bombardements n’atteignent leurs objectifs ni avec certitude, ni avec précision, ni rapidement, ni complètement. Les attaques sur les ports de la Manche ne constituent qu’une partie d’un effort plus vaste visant au premier chef à bloquer une éventuelle invasion allemande de l’Angleterre. Les bombardements de cibles industrielles sur le sol français entrent pour une faible proportion dans l’offensive globale contre l’économie allemande. La destruction de Lorient et de Saint-Nazaire n’apporte, tout au plus, qu’une mince contribution à la défaite des sous-marins de la Kriegsmarine. Le Transportation Plan du printemps 1944 entravera le mouvement des troupes et des blindés ennemis à travers la France au lendemain du débarquement, mais sans l’empêcher. La bataille contre les V1 et V2, menée par les bombardiers à partir de décembre 1943 ne s’achèvera qu’avec la libération des implantations des rampes de lancement en septembre 1944.

Sur les populations françaises, par contre, les effets des bombardements sont immédiats et terribles : des civils sont blessés ou tués, leur environnement familier et souvent historique – lieux d’habitation, de travail, de détente ou centres-villes anciens – détruit, tous repères communs effacés.

Le bilan humain

Chaque mort est un individu

Chaque victime d’un bombardement est d’abord un individu. La plupart connaissent une mort plus ou moins horrible. Les uns seront brûlés vifs, les autres écrasés sous les gravats. D’autres sont étouffés sous des maisons ou des abris effondrés, d’autres encore mourront noyés par les eaux qui montent dans des caves d’où ils ne pourront plus sortir. Le souffle des bombes arrache des bras, des jambes, des têtes. Ou alors, il fait éclater des poumons, laissant les victimes apparemment indemnes, mais sans vie. Tous ces individus ou presque endeuilleront des parents, des époux, des enfants, des frères, des sœurs, dont certains les auront vus mourir. Parmi les survivants, quelques-uns raconteront leurs expériences en des termes poignants.

Après le bombardement de Rennes par la Eighth Air Force américaine, le 8 mars 1943, le Commissariat central dresse la liste des 220 victimes gisant dans leurs cercueils numérotés.[1] Un travail de routine : des listes comparables se trouvent dans toutes les archives de France ou presque. Cent quatre-vingt-dix-sept morts sont identifiés. Ce sont cependant les détails des inconnus occupant les 23 cercueils restants, décrits pour répondre à d’éventuelles demandes de renseignements de la part des familles de disparus, qui soulignent le mieux, dans leur sécheresse macabre, les coûts humains d’une catastrophe identique à celles qui s’abattent sur de nombreuses villes françaises.

185   – enfant de 4 à 5 ans

186   – homme jeune, alliance, métal blanc

187   – femme mariée – 35 à 40 ans

188   – fillette de 15 à 16 ans, cheveux noirs

189   – femme nue, forte, cheveux bruns, environ 40 ans

190   – homme de taille moyenne, chemise à rayures bleues – non marié

191   – un corps carbonisé de l’Économique [un grand magasin – NDLR]

192   – un corps carbonisé de l’Économique

193   – homme –60 ans, moustaches grise– petite mouche– fort

194   – homme assez fort– chemise blanche à petit carreaux, âge ?

195   – homme, chemise blanche avec col tenant et cravate à rayures gris et marrons

196   – femme âgée et forte– portant en fétiche un béret de marin au corsage

197   – une tête de femme trouvée rue Plelo

198   – corps d’une femme – retrouvé café angle Bld Liberté et rue au Duc

199   – corps d’une jeune femme– paraissant de situation aisée

200   – garçon de 4 à 5 ans, costume lainage bleu-marine fait à la main

201   – homme âgé – moustache blonde, chemise kaki– 60 à 65 ans

202   – homme sans tête– pantalon de velours cotelé marron – brodequins légers

203   – fillette de 17 à 22 ans, dent gâtée (incisif)

204   – Homme très fort – presque nu et défiguré

205   – Enfant de 5 à 6 ans pouvant être Guillotel Claude

206   – Un cercueil contenant des débris humains retrouvés rue Lucien Decombe

207   – Un cercueil contenant des débris humains retrouvés à l’Économique

(Les petites erreurs d’orthographe se trouvent dans le document original)

Les morts et les blessés : les chiffres

L’administration prend le plus grand soin, surtout à partir de 1942, pour enregistrer les détails de chaque bombardement. Les maires, les gendarmeries et les commissariats, alimentés par les équipes de terrain de la DP, rendent des rapports fournis et circonstanciés aux sous-préfets ou aux préfets. Ceux-ci, à leur tour, font remonter les informations au Ministère de l’intérieur, qui publie un bulletin confidentiel tous les deux mois environ : le Bulletin d’information de la défense passive. Ce n’est qu’en août 1944 que ce système commence à gripper sous la pression des événements.

Il reste cependant impossible d’établir avec certitude le nombre des morts. Toutes les victimes – le cas de Rennes le démontre – ne peuvent être identifiées. Les fiches officielles des résidents d’une ville (cartes de rationnement mais aussi listes électorales et recensements d’avant-guerre) ne peuvent prétendre à la précision, à une époque de faux papiers et d’importants mouvements de travailleurs coloniaux ou étrangers (requis, par exemple, par l’organisation Todt), sans compter les évacués officiels et les allées et venues des  réfugiés ; dans les zones des combats terrestres, il devient par ailleurs difficile de distinguer les victimes des bombardements aériens de celles des obus. Enfin, comment comptabiliser les blessés soignés dans les hôpitaux, qui vont pour certains mourir, plus ou moins longtemps après les attaques, ou au contraire s’en sortir ? Et combien de familles, parmi les peuples colonisés, auront l’idée, aux fins fonds de la Kabylie, sur les bords du fleuve Sénégal ou du Mékong, de déclarer la perte d’un proche disparu en France ?

Le tout dernier numéro du Bulletin d’information de la défense passive sortira en mai 1945. Révisé sur la base des derniers rapports de bombardements fournis par les maires et les préfets après la Libération, il indique un total de 53 601 victimes, tout en insistant sur le fait que ce chiffre doit être considéré comme un minimum. L’intérêt de ce bilan est sa ventilation par année. Il comporte cependant d’importantes lacunes : certains bombardements de la seconde moitié de 1944, ceux du Havre ou de Strasbourg, n’y sont pas inclus, par exemple.

Les bombardements, les morts, les blessés en France : les bilans de l’après-guerre

BombardementsMorts civilsBlessés civils
AnnéeNbEn % du totalNbEn % du totalNbEn % du total
1940210*2,23 543*6,62 6493,6
19414504,81 3572,51 6702,3
19424885,22 5794,85 8227,9
19437888,47 44613,913 77918,7
19447 48279,337 12869,349 00766,6
1945180,21 5482,96920,9
Totals9 436100,053 601100,073 619100,0

* Y compris les bombardements allemands. Les victimes des attaques britanniques sont au nombre de 292 morts et de 636 blessés.

Source: Ministère de l’Intérieur, Direction de la Défense Passive et de la Protection contre l’Incendie, Bulletin d’information de la défense passive no. 27 (1945).

Ces lacunes dans les chiffres du Bulletin d’information de la défense passive prêtent une certaine crédibilité au total, légèrement plus important, de 56 896 cité dans une réponse ministérielle parue au Journal Officiel (débats de l’Assemblée Nationale) le 26 mai 1948. Eddy Florentin évoque 67 078 morts, mais sans citer sa source.[2] Les enquêtes les plus détaillées sur la question, entreprises dans les années récentes par le Centre de recherche en histoire quantitative de l’Université de Caen, suggèrent qu’au moins pour la région normande, les chiffres publiés dans l’après-guerre, en bas de la fourchette, sont à retenir.[3] Dans l’état actuel de nos connaissances, un total approximatif de 57 000 morts civils à travers la France semblerait le plus réaliste. Un bilan moins lourd, en tout cas, est assez invraisemblable.

Les bilans régionaux

Le tiers des victimes environ trouvent la mort en Normandie pendant le printemps et l’été 1944. Caen et Le Havre déplorent chacune quelque 2 000 morts durant cette période, Rouen environ 1 800, Lisieux près de 800 et Saint-Lô 500. Les plus grandes pertes relatives par rapport à la population sont sans doute à Évrecy, où meurent 130 habitants sur 430. Aucune région cependant n’est épargnée. En chiffres absolus, le bombardement allié le plus meurtrier de la guerre est sans doute celui du 27 mai 1944 sur Marseille, ou le passage de la Fifteenth Air Force américaine fera au moins 1 831 victimes.

Quelques comparaisons : la France, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne

Le bilan (qui doit rester provisoire) d’environ 57 000 morts civils français est comparable à ceux de l’Italie ou du Royaume-Uni, quoique légèrement en-dessous. L’Italie, avec au moins 60 000 victimes, représente un cas de figure assez particulier. Pendant plus de trois ans, elle est une nation ennemie et à ce titre reçoit plusieurs gros bombardements sur les villes industrielles du nord (Gênes, Milan, Turin entre autres), sur d’autres agglomérations comme Naples, enfin sur Rome elle-même. Mais les deux tiers des bombes larguées sur la Péninsule le seront après l’armistice de septembre 1943. L’Italie n’est plus alors un adversaire mais un pays occupé, dont la libération se fera au prix d’une longue et pénible campagne, au cours de laquelle les Alliés n’hésiteront pas à profiter pleinement de leur supériorité aérienne.

Par rapport au Royaume-Uni, la France subit sans doute un peu moins de victimes (on recense 60 595 morts civils britanniques entre 1940 et 1945) … mais reçoit près de huit fois plus de bombes (près de 600 000 tonnes, contre 74 000 outre-Manche). Autrement dit, il fallait 1,2 tonne de bombes pour tuer un Britannique, mais plus de 10 tonnes pour faire une victime française. Pourquoi cette disproportion ? L’une des raisons est sans doute que les Alliés, quoi qu’en dise la propagande vichyste, ne cherchent pas à massacrer des civils. Le cinquième des bombes larguées sur la France ont pour cibles les sites des V1 et V2, situés dans des zones rurales à faible densité de population, où les pertes civiles sont assez peu nombreuses. Il est probable que la proportion relativement restreinte de bombes incendiaires joue aussi. Les avertissements aux civils, et les efforts effectués dans la programmation et l’exécution de certains bombardements pour en limiter le nombre de morts, sont aussi à prendre en compte … même si, dans de nombreux cas, ils se révèlent assez peu efficaces.

Contre l’Allemagne, enfin, les Alliés mèneront une offensive aérienne sans restriction aucune, tuant sans doute 420 000 civils.[4] Le fait que ce total représente plus de sept fois le chiffre français tient en partie aux raisons quantitatives – plus de 1,4 millions de tonnes de bombes seront larguées sur le Reich – mais aussi aux circonstances et aux manières différentes de bombarder. Par exemple, Hambourg (en juillet-août 1943) comme Le Havre (en septembre 1944) reçoivent chacune plus de 9 000 tonnes de bombes en une semaine. L’une comme l’autre sont matériellement dévastées, mais tandis qu’à Hambourg, plus de 40 000 civils trouvent la mort, Le Havre ne compte « que » 2 053 victimes officielles, chiffre expliqué en partie par l’évacuation partielle de la ville, par les mesures de défense passive, mais aussi par l’utilisation plus limitée de bombes incendiaires contre le port français.

Les destructions matérielles

La grande ville française qui aura subi le moins de destructions est sans nul doute Paris, frappée surtout par les débordements des attaques dirigées contre ses banlieues industrielles. Mais la capitale fait figure d’exception. D’après Danièle Voldman, 36 des villes françaises de plus de 50 000 habitants sont classées officiellement comme sinistrées, ayant subi des destructions – essentiellement mais pas exclusivement dues aux bombardements alliés – de 30% ou plus de leur territoire et de leur patrimoine bâti.[5] Aucune grande région de France n’en sort indemne.

Les grandes villes sinistrées, par grande région

Nord, Pas-de-Calais, Picardie                        Amiens, Boulogne, Calais, Lille

Bretagne                                                          Brest, Rennes

Pays de la Loire                                              Nantes, Tours, Angers, Le Mans

Normandie                                                      Caen, Le Havre, Rouen

Banlieue parisienne                                         Argenteuil, Asnières, Boulogne-Billancourt, Courbevoie, St-Ouen

France du Centre                                            Clermont-Ferrand, Dijon, Lyon, Orléans, St-Étienne

France de l’Est                                                Nancy, Metz, Mulhouse, Reims, Strasbourg, Troyes

France du Sud-Ouest                                      Béziers, Toulouse

France du Sud-Est                                          Marseille, Nice, Toulon.

Les destructions sont particulièrement intenses en Normandie. Le Havre est détruit à 82%, Caen à 73%, Rouen à 42%, et parmi les villes plus petites, Saint-Lô à 77% et Lisieux à 75. Les ports, aussi, sont particulièrement exposés. Comme Le Havre, les ports de Brest, de Boulogne-sur-Mer, de Lorient, de Saint-Nazaire, subissent des destructions supérieures à 80% de leur étendue .

C’est ainsi que les survivants souffrent matériellement des bombardements, parfois pendant des décennies. Après les attaques de septembre 1943, Nantes compte quelque 60 000 sinistrés ; dans le petit nœud ferroviaire de Modane, sur la route d’Italie, les trois-quarts de la population subissent le même sort ; à Lyon, on chiffre les sinistrés à 25 000, à Marseille à 30 000 après les gros bombardements des 26-27 mai 1944. Selon les estimations d’après-guerre, 1,2 millions de logements, soit plus de 10% du stock d’avant 1939, ont été détruits, et plus de 2,2 millions de Français sont à reloger. La reconstruction prendra une vingtaine d’années-presque une génération- au cours de laquelle des dizaines de milliers de familles françaises se logent tant bien que mal dans des habitations de fortune,  par exemple dans les baraquements militaires laissés derrière eux par les camps alliés.

Les bombardements ont aussi des effets considérables (quoique temporaires) sur l’économie française. En 1945, la production industrielle atteint la moitié de son niveau d’avant-guerre, la production agricole 61%. Quelque 15% de la capacité industrielle est détruite. Les pénuries de toutes sortes sont renforcées par les difficultés de transport. Moins de la moitié du réseau ferroviaire est en état de fonctionner, 5 000 ponts sont détruits (en partie par les Allemands), ainsi que la majorité des infrastructures portuaires et une grande partie de la flotte de la marine marchande. En août 1947, la ration quotidienne de pain, à 200 grammes, est en-dessous de son niveau sous l’Occupation. Enfin, la mortalité infantile, qui augmentera de 40% pendant l’immédiat après-guerre à cause de la pénurie alimentaire et de l’insalubrité des logements précaires, peut être considérée comme un dernier résultat indirect des bombardements.


[1]             Archives départementales de l’Ille-et-Vilaine 502/W/4, Ville de Rennes, Commissariat central : Bombardement du 8 mars 1943 : Liste des décédés.

[2]             E. Florentin, Quand les Alliés bombardaient la France (Paris: Perrin, 1997).

[3]             B. Garnier et M. Pigenet, Les victimes civiles des bombardements en Normandie (Caen: La Mandragore, 1997).

[4]             O. Groehler, Bombenkrieg gegen Deutschland (Berlin: Akademie-Verlag, 1990), 320.

[5]             D. Voldman, La Reconstruction des villes françaises de 1940 à 1954 (Paris: L’Harmattan, 1997), 35.

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The Allied bombing of France: Effects

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Bombing rarely achieves its objectives with speed, certainty, or completeness. Attacks on the Channel ports in 1940 were part of a wider effort to stop a German invasion of Britain; raids on industrial targets one slice of the broader offensive against the German economy. Destroying the Biscay ports made (at best) a small contribution to the Allies’ effort in the Battle of the Atlantic. The Transportation Plan hindered but did not halt the movement of German troops and armour across France. The battle against Germany’s V-weapons was begun by bombing but only completed by the liberation of the ground from which they were launched.

On the French, however, the effects of bombing were immediate and terrible: the killing and wounding of civilians and the destruction of the places where they lived and worked.

The human cost

Deaths: the individuals

Each air raid victim was an individual. Most died more or less horribly. Fires burnt people alive; falling buildings crushed them; collapsing shelters smothered them; bomb blast tore them limb from limb, or burst their lungs, leaving them apparently unscarred but still quite dead; water from burst mains seeped into blocked cellars and drowned their inmates. Most left parents or spouses or children or siblings, some of whom watched them die, to mourn them – and in some cases to write of their experiences in the most poignant terms.

Following an American raid on 8 March 1943, the Rennes police drew up a routine tally, now kept in the Departmental Archives of Ille-et-Vilaine (502/W4/19). Its equivalents can be found in archives across France. It is a list of 220 victims as they lay in their numbered coffins. One hundred and ninety-seven of them were identified; but it is the unnamed occupants of the remaining 23 coffins, briefly recorded against possible future enquiries, who underline the human cost of a catastrophe typical of those visited on French towns.

185 Child, 4-5 years old

186 Young man, white metal ring

187 Married woman aged 35-40

188 Girl, aged 15-16, dark hair

189 Medium-sized man, blue striped shirt, not married

190 Well-built woman, naked, brown hair, about 40

191 Carbonised body of a man, found at l’Économique shop

192 Carbonised body of a man, found at l’Économique shop

193 Man, 60, well-built, grey moustache, small mouche

194 Fairly large man, age unknown, shirt with small check pattern

195 Man with white collared shirt, tie with grey stripes

196 Well-built elderly woman, carrying a sailor’s beret as a keepsake in her corsage

197 Woman’s head, found in rue Plelo

198 Woman’s body, found in the café on the corner of Blvd. de la Liberté and rue au Duc

199 Body of a woman, apparently well-off

200 Boy, aged 4-5, dressed in home-made navy-blue woollen suit

201 Elderly man 60-65, blonde moustache, khaki shirt

202 Headless man – brown corduroy trousers, light laced boots

203 Girl, 17-22, damaged incisor

204 Very well-built man, almost naked, disfigured

205 Child, 5-6, possibly Claude Guillotel

206 Coffin contains human remains found in rue Lucien Decombe

207 Coffin contains human remains found in l’Économique

Dead and wounded: the numbers

The French administration under the wartime Vichy regime took pains to record details of each raid: mayors and police departments reported to prefects, who in turn reported to the Interior Ministry, which published a confidential national bulletin (the Bulletin d’Information de la Défense Passive) about every two months from spring 1942 onwards. The system only began to break down under the pressure of events in August 1944.

Nevertheless, a precise body count cannot be established for France. Not all victims could be identified; official records of residents, at a time of false papers and conscripted labour moving in and out of France, could never be fully accurate; record-keeping broke down before the raids ended; and in ground combat zones, victims of bombing could not always be distinguished from those of shelling.

The immediate post-war figures, compiled from post-raid reports filed by French mayors and prefects, indicated a death toll from bombing of 53,601, but stressed that this figure was a minimum. The main advantage of these figures is that they give year-on-year totals. But they do not include the full range of 1944 raids, some on major targets like Le Havre or Strasbourg.

Raids and deaths from bombing in France, 1940-45: the postwar figures

Air raids Civilian deaths Civilians injured

Year No. As % of total No. As % of total No. As % of total

1940 210* 2.2 3,543* 6.6 2,649 3.6

1941 450 4.8 1,357 2.5 1,670 2.3

1942 488 5.2 2,579 4.8 5,822 7.9

1943 788 8.4 7,446 13.9 13,779 18.7

1944 7,482 79.3 37,128 69.3 49,007 66.6

1945 18 0.2 1,548 2.9 692 0.9

Totals 9,436 100.0 53,601 100.0 73,619 100.0

* Figures include victims of German raids. Victims of Allied raids only were 292 dead and 636 wounded.

Source: Ministère de l’Intérieur, Direction de la Défense Passive, et de la Protection contre l’Incendie, no. 27 (1945).

The omissions from the BIDP table give credibility to the official, and slightly higher, total of 56,896 published in the Journal Officiel de la République Française on 26 May 1948. Eddy Florentin, in Quand les Alliés bombardaient la France (Paris: Perrin, 1997), gives a figure of 67,078 deaths but cites no source. The most detailed regional research on the question, undertaken from the Centre de Recherches en Histoire Quantitative at Caen, suggest that the older, and lower, figures are broadly accurate (cf. Bernard Garnier, and Michel Pigenet, Les victimes civiles des bombardements en Normandie (Caen: La Mandragore, 1997)). A rough figure of 57,000 civilian deaths from bombing across France therefore appears the best estimate in the current state of our knowledge. The total is very unlikely to be less.

Regional totals

Probably one-third of the deaths occurred in Normandy in the spring and summer of 1944, with Caen and Le Havre sustaining some 2,000 victims each, Rouen some 1,800, Lisieux nearly 800 and St-Lô 500 (though the greatest proportional loss was in the village of Évrecy, which lost 130 of its 430 inhabitants). But no region was spared. In absolute terms, the single most deadly Allied raid of the war occurred in Marseille on 27 May 1944, when an attack by the US Fifteenth Air Force claimed at least 1,831 victims.

Comparisons: France, UK, Germany

France probably suffered slightly fewer victims than the 60,595 recorded as killed in the UK between 1940 and 1945, despite receiving nearly eight times the tonnage of bombs. To put it another way, while it took about1.2 tons of bombs to kill a British victim, it took about 10 tons to kill a French one.

An obvious reason for this is that the Allies were not trying to kill French civilians. About a fifth of their bombs were dropped on V-weapon sites, situated in rural areas where civilian casualties were slight. The relatively small proportion of incendiary bombs may also have contributed. Warnings to civilians, and care in the planning and execution of raids, should not be discounted, even though their effects were often limited.

Another contrast is with Germany. Both Hamburg, in 1943, and Le Havre, in 1944, received some 9,000 Allied bombs in the space of a week, and both suffered cruel material devastation. But whereas in Hamburg, over 40,000 civilians lost their lives, in Le Havre the death toll was ‘only’ 2,053, thanks to a combination of evacuation, air raid precautions, and Bomber Command’s more limited use of incendiaries.

Cities, towns, villages

The most conspicuously undamaged town in France was Paris: raids here, though not unknown, were rare and relatively light. But the capital was an exception. According to Danièle Voldman (La Reconstruction des villes françaises de 1940 à 1954 (Paris: L’Harmattan, 1997), p. 35), 36 out of France’s 56 towns and cities of over 50,000 people were officially classed as war-damaged, having suffered levels of destruction of at least 30 per cent. Allied bombing was the chief cause of this, though not the only one. As the list below shows, no major region of France was spared.

Northern France Amiens, Boulogne, Calais, Lille

Brittany Brest, Rennes

Normandy and neighbouring regions Angers, Caen, Le Havre, Le Mans, Rouen

Paris suburbs Argenteuil, Asnières, Boulogne-Billancourt, Courbevoie, St-Ouen

Central France Clermont-Ferrand, Dijon, Lyon, Orléans, St-Étienne

Eastern France Nancy, Metz, Mulhouse, Reims, Strasbourg, Troyes

Loire Valley Nantes, Tours

South-Western France Béziers, Toulouse

South-Eastern France Marseilles, Nice, Toulon.

The damage was particularly intense in Normandy: 82 per cent of Le Havre was damaged or destroyed, 73 per cent of Caen, 42 per cent of Rouen, as well as 77 per cent of the smaller town of Saint-Lô, and 75 per cent of Lisieux. The ports of Brest and Boulogne, as well as Lorient and Saint-Nazaire – suffered destruction in excess of 80 per cent. Again according to Voldman, between 10 and 15 per cent of France’s total stock of 12 million housing units were destroyed.

Survivors of raids still suffered materially from the bombing. In Nantes, some 60,000 people were reported bombed out after the raids of September 1943; in the small railway junction of Modane, on the route into Italy, three-quarters of the population – suffered the same fate; in Lyon, the figure was estimated at 25,000, in Marseille, at 30,000, after the big raids of May 1944. Post-war estimates ran to 1.2 million homes destroyed across France, leaving 2.2 million people to be re-housed. The task of reconstruction took a generation, during which tens of thousands of French families lived in all kinds of temporary accommodation, including Nissen huts vacated by Allied troops.

Bombing also wrecked the French economy, albeit temporarily. In 1945, industrial production was at half of pre-war levels, food production at 61 per cent. Some 15 per cent of industrial capacity was destroyed. Shortages were compounded by transport difficulties. Less than half of the rail network was working, and 5,000 bridges wrecked; most of France’s docks and merchant shipping were destroyed. In August 1947, the daily bread ration was cut to 200 grammes, below its level under the Occupation. Infant mortality, which rose by 40 per cent in the immediate post-war period as a result of food shortages and poor housing, may be viewed as an indirect effect of bombing.

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